Culture et patrimoine

Reun4CoExistence
Micro-région
Ouest (La Possession, Le Port, Saint-Paul, Trois-Bassins, Saint-Leu)
Objectif
Mettre en valeur notre patrimoine naturel et notre coexistence avec la faune sauvage de notre île
Adresse
2 Avenue Cristal, Blue Horizon, App 11
Commune
Saint-Paul
Description
À l’heure où l’impact des activités humaines atteint un niveau sans précédent, la question de la coexistence avec la faune sauvage s’impose comme l’un des défis majeurs du XXIe siècle. Urbanisation galopante, intensification de l’agriculture, artificialisation des sols, pollution lumineuse et sonore, fragmentation des habitats, introduction d’espèces exotiques ou encore changement climatique : autant de facteurs qui bouleversent profondément les conditions de vie de nombreuses espèces animales à travers le monde. Selon les experts de l’IPBES, plus d’un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction.
Dans ce contexte, il ne s’agit plus seulement de « protéger » la nature dans des sanctuaires isolés, mais bien de repenser les conditions d’une coexistence durable dans les territoires que nous partageons avec le reste du vivant. Comment permettre aux espèces sauvages de vivre, se nourrir, se reproduire ou migrer dans des environnements profondément transformés par l’homme ? Quels compromis construire pour que nos modes de vie intègrent les besoins du vivant non humain ? Quelles représentations, quels récits et quelles politiques peuvent encourager une cohabitation apaisée, respectueuse et pérenne entre humains et autres espèces ?
Ces enjeux sont d’autant plus cruciaux que l’érosion de la biodiversité affecte directement le bien-être humain, en compromettant les services écosystémiques essentiels tels que la pollinisation, la régulation du climat ou encore la fertilité des sols. Face à cette réalité, de nouvelles approches voient le jour, mêlant sciences écologiques, droit, culture, éducation et aménagement du territoire, pour repenser en profondeur la place de l’humain dans la trame du vivant.
Dans ce vaste mouvement, La Réunion représente un terrain d’étude particulièrement pertinent. Territoire insulaire tropical à la biodiversité remarquable, elle incarne à la fois les tensions et les opportunités liées à la coexistence entre humains et faune sauvage. L’île abrite une grande diversité d’espèces endémiques ou patrimoniales, souvent vulnérables car confinées à un espace restreint et soumises à de multiples pressions. Urbanisation, activités agricoles, infrastructures routières, fréquentation touristique : autant de facteurs qui redessinent les paysages et fragilisent les écosystèmes.
À La Réunion, les interactions entre humains et animaux sont quotidiennes et nombreuses : un papangue planant au-dessus des champs, un caméléon dans un jardin créole, une baleine longeant les côtes, une tortue marine venant pondre sur la plage, ou encore la présence de requins dans les zones côtières. Ces rencontres peuvent susciter émerveillement, curiosité, ou au contraire peur, rejet ou conflits d’usage. Les formes que prend cette cohabitation sont multiples — visibles ou invisibles, ambivalentes ou conflictuelles — et interrogent nos façons d’habiter l’île et d’y partager l’espace avec le reste du vivant.
Le paysage écologique réunionnais est également marqué par la présence d’espèces introduites, domestiques ou exotiques, qui modifient les équilibres naturels et accentuent les tensions avec les espèces indigènes. À cela s’ajoute une forte charge symbolique et culturelle : croyances populaires, traditions, récits locaux et représentations sociales influencent fortement les perceptions et les attitudes vis-à-vis de la faune sauvage.
Dès lors, penser la coexistence à La Réunion, c’est interroger les relations multiples et complexes qui lient les humains à leur environnement naturel. C’est aussi envisager des modes de cohabitation fondés sur le respect, la connaissance, la responsabilité partagée et la réciprocité. Cela implique de développer des leviers d’action concrets pour concilier développement humain et préservation d’un patrimoine naturel exceptionnel.
Mais cette transition vers une coexistence plus harmonieuse suppose aussi une transformation de notre rapport sensible à la nature. Dans un monde de plus en plus déconnecté du vivant, où nos rythmes s’accélèrent et où la nature devient souvent lointaine, voire invisible, il devient urgent de réapprendre à observer, écouter, ressentir. Cette reconnexion n’est pas un luxe : elle est un besoin vital. Elle nous rappelle que nous faisons partie du vivant, que nous en dépendons, et que nous avons une responsabilité envers lui.
Pour aimer la nature et vouloir la protéger, il faut d’abord la connaître, la comprendre, et surtout l’éprouver. Cela commence par l’observation attentive d’un rapace en vol, du silence d’un caméléon caché dans un feuillage, ou d’une baleine surgissant à l’horizon. Cela passe par l’émotion, l’émerveillement, la curiosité. En renouant avec notre capacité d’étonnement, nous réveillons notre sensibilité écologique. Et c’est en redonnant toute sa place au sensible, à la beauté, aux récits partagés, que naît l’envie profonde de préserver ce qui nous entoure.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit le projet Reun4CoExistence, en adoptant une approche à la fois scientifique, sensible et participative pour mieux comprendre, documenter et valoriser les relations entre humains et faune sauvage à La Réunion. Ce projet explore les tensions, les équilibres et les potentiels d’une cohabitation renouvelée, plus respectueuse, plus consciente et plus durable.
Le projet Reun4CoExistence vise à explorer trois exemples emblématiques de cohabitation entre humains et faune sauvage : le papangue, l’endormie et la baleine à bosse. Ces trois espèces, très différentes par leur habitat, leur statut écologique et les interactions qu’elles suscitent, illustrent les enjeux, les tensions et les opportunités d’une cohabitation durable.
- Le papangue ou busard de Maillard, dernier rapace de l’île et espèce en danger, est confronté à la dégradation de son habitat et aux activités humaines. Le projet documente les perceptions locales et les défis liés à sa protection.
- L’endormie caméléon panthère, familier des jardins et parcs créoles, incarne une proximité ambivalente faite de fascination, mais aussi de menaces liées aux usages humains. Le projet interroge les représentations culturelles et les possibilités d’une cohabitation apaisée.
- La baleine à bosse, au cœur d’un tourisme d’observation en plein essor, soulève des questions d’éthique, de régulation et de respect du vivant. Le projet analysera les pratiques et les perceptions autour de cette coexistence saisonnière.
Reun4CoExistence adopte une approche à la fois scientifique et sensible, combinant enquêtes, témoignages, photographies et illustrations. Il vise à produire une analyse qualitative des relations humains-faune, à identifier des leviers d’action concrets, et à sensibiliser le grand public à travers des supports artistiques et participatifs. L’objectif final est de favoriser une relation plus consciente, plus respectueuse et plus harmonieuse entre humains et faune sauvage à La Réunion.
L’un des fondements du projet Reun4CoExistence repose sur le croisement entre les approches scientifiques et artistiques pour explorer et restituer les relations de coexistence entre humains et faune sauvage. Les observations de terrain fournissent des données précises sur les comportements, les habitats, les dynamiques d’interaction et les contextes de conflit ou de tolérance. Elles permettent d’analyser la coexistence de manière rigoureuse, mesurable et reproductible. En parallèle, la création artistique – à travers le dessin, la peinture, la photographie– permet de traduire ce vécu de terrain en émotions, en récits visuels et sensibles qui touchent un autre registre de compréhension : celui de l’intuition, de l’attachement, de l’imaginaire. Ce croisement est particulièrement précieux pour toucher un public large, notamment non spécialiste, en ouvrant un accès plus incarné, poétique et personnel aux enjeux de biodiversité. L’art permet ainsi de donner chair aux données, de réhumaniser notre rapport au vivant, et de faire émerger le désir de reconnexion, souvent moteur plus puissant que la seule information. En associant ces deux registres – l’objectivité scientifique et la subjectivité sensible – le projet vise à construire une approche complète, inclusive et engageante de la coexistence.
Pour répondre à ses objectifs, le projet Reun4CoExistence mobilise une combinaison de méthodes à la fois scientifiques, sensibles et participatives, articulées autour de trois axes complémentaires.
1. La parole des acteurs : recueillir les récits et les perceptions
La première étape du projet repose sur une série d’entretiens menés avec les différents acteurs impliqués dans les relations entre humains et faune sauvage à La Réunion. Agriculteurs, habitants, naturalistes, acteurs du tourisme, gestionnaires d’espaces naturels ou encore institutions : chacun est invité à partager son expérience, ses observations, ses émotions, ses conflits ou ses pratiques de cohabitation. Ces témoignages, riches et variés, permettent de mieux comprendre les enjeux concrets de la coexistence, les représentations sociales associées aux espèces concernées, ainsi que les dynamiques culturelles, économiques ou environnementales qui les traversent.
2. L’observation de la faune in situ : documenter les comportements et les milieux
En parallèle, des phases d’observation de terrain sont menées pour suivre, dans leur environnement naturel, les trois espèces emblématiques étudiées : le papangue, l’endormie et la baleine à bosse. L’objectif est de décrire leurs comportements, leurs interactions avec les milieux et les humains, leurs usages de l’espace, et les éventuelles pressions ou perturbations qu’elles subissent. Ces observations permettent d’apporter un regard naturaliste complémentaire à celui des entretiens, tout en nourrissant une approche éthologique attentive à la singularité de chaque espèce et à la diversité de leurs contextes de vie.
3. Des carnets de voyage sensibles : entre art, science et récit
Pour relier les dimensions objectives et subjectives du projet, des carnets de voyage seront créés tout au long du processus. Ces carnets mêleront textes, dessins, photographies, croquis de terrain, extraits de témoignages et impressions personnelles. Ils permettront de restituer la richesse des expériences de terrain, les ambiances des lieux, les émotions suscitées par les rencontres humaines et animales. Ces carnets constituent un support de médiation original, à la croisée de la recherche, du reportage et de la création artistique, permettant de toucher un large public.
À l’issue du projet, plusieurs livrables seront produits afin de valoriser les résultats de terrain, de restituer la diversité des points de vue recueillis et de sensibiliser un large public aux enjeux de la coexistence à La Réunion.
Trois rapports thématiques seront réalisés, chacun consacré à une des coexistences étudiées :
- Humains et papangues
- Humains et endormis
- Humains et baleines à bosse
Chaque rapport proposera une synthèse des entretiens menés avec les acteurs concernés (habitants, professionnels, naturalistes, institutions…) et une analyse des observations de terrain. Il décrira les spécificités de chaque situation de coexistence, en mettant en lumière la perception des différents protagonistes humains, les dynamiques de cohabitation, les tensions éventuelles, ainsi que les leviers identifiés pour améliorer notre relation avec le milieu sauvage.
En complément, trois carnets de voyage sensibles et artistiques viendront illustrer les relations entre humains et faune sauvage à travers le regard du terrain. Pour chaque espèce (papangue, endormie, baleine), un carnet d’une dizaine de pages rassemblera dessins, peintures, photographies et compositions artistiques, accompagnés de courts textes, pour restituer les émotions, les ambiances, les expériences de rencontre et les formes de lien – parfois discrètes, parfois intenses – qui tissent notre coexistence avec le vivant. Ces carnets offriront un regard personnel et incarné, entre émerveillement, réflexion et engagement, pour inviter à ressentir, comprendre et imaginer autrement notre place dans les écosystèmes réunionnais.
Le projet est porté par l’association ReWildUs et sera réalisé par Antonin BLAISON et Marion MOTTIER, co-fondateurs de l’association.
Antonin Blaison est docteur en biologie marine et spécialiste des requins et des raies, avec plus de vingt ans d’expérience en écologie comportementale. Il a mené des recherches en France, en Afrique du Sud et à La Réunion sur les interactions entre humains et grands prédateurs marins. Fondateur de l’Observatoire MAEO, il coordonne aujourd’hui un suivi acoustique des élasmobranches dans les Mascareignes. Son expertise éclaire les enjeux de coexistence entre faune sauvage et sociétés humaines dans les milieux marins.
Marion Mottier est psychomotricienne de formation, avec un parcours en environnement et biologie animale, et une passion profonde pour la nature. Artiste plurielle, elle exprime sa sensibilité à travers le dessin, l’aquarelle, la photo, l’écriture et le théâtre. Son regard vise à capter l’émotion et la beauté des interactions avec le vivant. Elle apporte au projet Reun4CoExistence une dimension sensible et poétique essentielle à la compréhension des relations humains/faune sauvage.
Budget
13086 €
Nom de l'association
Nombre de salariés de l'association (max 2)
Date prévisionnelle de réalisation
Commentaires
Analyse de recevabilité
Numéro de l'évaluation : | Statut : | Résultat : | Créée le : | Voir l'évaluation : | |
---|---|---|---|---|---|
5368 | Terminée | Recevable | 30/05/2025 20:51 |
|
|
Aucun commentaire publié.